Présidentielle 2012 : Sarkozy avance ses pions
Pas encore candidat mais déjà en campagne, le chef de l’Etat peaufine son organigramme pour 2012. Dans son argumentaire, deux axes « agrégateurs d’identité » : la famille et la culture.
Ils sont en ordre de marche. De l’Elysée à l’UMP, les proches de Nicolas Sarkozy s’activent pour déminer le terrain et préparer l’assaut du président candidat à sa réélection. Eclipsés par la primaire socialiste jusqu’au 16 octobre, ils tirent désormais à tout-va sur leur cible principale : François Hollande, qu’ils veulent affaiblir avant l’entrée en campagne de leur leader, prévue quelque part entre janvier et février. La critique est facile, d’autant que le candidat socialiste tend souvent, estiment-ils, la joue. Mais cela ne suffira pas à déboulonner Hollande de son piédestal dans les sondages. Aussi peaufinent-ils en coulisses la stratégie de reconquête du candidat Sarkozy.
Structuré en cercles concentriques qui se recoupent parfois, mais pas toujours, l’organigramme de sa campagne se met progressivement en place. Les réunions au Château se multiplient. Le groupe technique, animé par les conseillers du président, Olivier Biancarelli et Camille Pascal, se voit une fois par semaine pour choisir les imprimeurs, arrêter les dates des meetings et réserver les salles. Le clan des figures politiques, que certains appellent d’un ton taquin « les chapeaux à plumes », fait la part belle aux anciens Premiers ministres Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin et au ministre de la Défense, Gérard Longuet, tous trois en cour à l’Elysée.
La parole aux "quadras"
La force de frappe de Nicolas Sarkozy s’appuie également sur « les députés-relais », un cercle formé par Dominique Dord et Olivier Biancarelli après les élections européennes de 2009 : leur mission consiste « à porter la voix du gouvernement sur le terrain, à défendre le bilan de Sarkozy et à expliquer ses propositions », décrypte l’un de ses membres, le député de Seine-Saint-Denis, Eric Raoult. Mais c’est la cellule « riposte », dirigée par l’ex-ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, qui a le vent en poupe. Reçue chaque semaine à l’Elysée, souvent par le Président en personne, elle est essentiellement composée de ministres (Nadine Morano, Nathalie Kosciusko-Morizet…) et de jeunes élus, valeurs montantes de la droite (Eric Ciotti, Christophe Béchu, Jérôme Chartier…).
Parmi ces derniers, quatre ont tapé dans l’œil de Sarkozy, qui envisage de leur confier le porte-parolat de sa campagne : la députée de Meurthe-et-Moselle, Valérie Rosso-Debord, 40 ans, a fait ses premières armes dans les rangs de l’UDF, et elle est spécialiste des questions de handicap et de dépendance ; le député du Nord, Sébastien Huyghe, 42 ans, ancien clerc de notaire, a fait pleurer Martine Aubry en l’évinçant – contre toute attente – de la députation en 2002 ; le député de Seine-et-Marne, Franck Riester, qui, à bientôt 38 ans, vient de révéler son homosexualité, est particulièrement à l’aise sur les problématiques culturelles (il a été le rapporteur de la loi Hadopi) ; Bruno Beschizza, 43 ans, ex-commandant de police, est depuis 2010 conseiller régional d’Ile-de-France (élu en Seine-Saint-Denis).
Un QG de campagne "modeste"
Alors que tous phosphorent sur le projet du candidat Sarkozy, deux axes de campagne se dessinent : la famille et la culture. « Le Président va mettre en avant la famille, confie Eric Raoult. C’est l’incarnation de valeurs fortes, qui déterminent l’éducation et la sécurité. » « Il va parler de toutes les familles : la famille traditionnelle, la famille monoparentale, la famille homosexuelle… », précise une autre source. Pas question pour autant de légaliser l’adoption par deux personnes de même sexe. « Mais le mariage gay à la mairie n’est plus tabou, poursuit notre source. Sur cette question, la société comme l’UMP ont évolué. Ce devrait être l’une des mesures fortes du programme de Sarkozy. » Plusieurs responsables du parti présidentiel – parmi lesquels Franck Riester, Jeannette Bougrab, Benjamin Lancar…– s’y sont récemment déclarés favorables.
Plus surprenant, le champ de la culture sera investi « pour ne pas laisser à la gauche le monopole de ce thème ». « L’idée, c’est de reparler de l’identité nationale, de vendre la France et son patrimoine, d’irradier le monde par la culture française. Il faut dire non au repli sur soi », martèle un membre de la cellule « riposte ». « Il faut d’abord produire français », précise le ministre de l’Industrie, Eric Besson, qui a confié hier sur Radio J que Sarkozy allait « dire sa vision et le chemin qu’il propose » mardi, en Haute-Savoie. « Qu’est-ce qui fait la France ? Ce n’est pas un taux de croissance ni un indice de satisfaction, mais une culture, une histoire, un patrimoine, insiste Eric Raoult. En campagne, le Président va parler de la grandeur de notre pays, expliquer pourquoi il a été applaudi à Benghazi (après la chute de Khadafi, NDLR) ».
Sarkozy avance masqué, mais il avance. Avec un mot d’ordre : « Rester modeste. » Pour preuve, son QG de campagne, voisin du nouveau siège de l’UMP dans le XVe arrondissement de Paris, « ne fera pas plus de 100 m2 », jure-t-on dans son entourage.
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