Jacques Chirac accueille sa condamnation "avec sérénité"
Par LEXPRESS.fr
La justice a condamné ce jeudi l'ex-président à deux ans de prison avec sursis dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris.
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L'ancien président écope de deux ans de prison avec sursis dans les deux volets de l'affaire sur les emplois fictifs de la ville de Paris. Jacques Chirac a "toujours souhaité assumer ce qui était dans le dossier" assure son avocat. Les principales réactions.
Eva Joly, candidate à la présidentielle d'Europe Ecologie- Les-Verts
"Si Jacques Chirac avait été jugé dans les mêmes conditions que l'ensemble des Français après la découverte des faits, les citoyens auraient aujourd'hui une plus grande confiance dans la démocratie. Au lieu de cela, ce procès a été maintes fois évité, alors qu'il était nécessaire, puisque même la Ville de Paris avait renoncé à porter plainte", déclare-t-elle dans un communiqué. Un peu plus tard, la candidate a lancé un appel à l'ex-président de la République sur Twitter: "J'invite Jacques Chirac à tirer les conséquences de sa condamnation et de fait, à démissionner du Conseil Constitutionnel."
Me Veil, avocat de Jacques Chirac
Jacques Chirac a pris la nouvelle de sa condamnation "avec sérénité", a affirmé l'un de ses avocats, Me Jean Veil, sans dire à ce stade si l'ex-chef de l'Etat ferait appel. "Il est satisfait qu'à tout le moins le tribunal reconnaisse qu'il n'y a eu aucun enrichissement personnel. [Jacques Chirac] a depuis le début toujours souhaité assumer ce qui était dans le dossier", a-t-il assuré. Il "a toujours eu une colonne vertébrale très forte (...) Il a toujours dit: 'si quelqu'un dans cette affaire doit être condamné, ça ne peut être que moi et pas mes collaborateurs'". Interrogé sur l'aspect historique du jugement, l'avocat a répondu: "c'est une des choses qui me soucient le plus"."Car évidemment, un certain nombre d'étrangers, peut-être même de Français, ne liront pas la décision en détail, et ne retiendront que la sanction de deux ans de prison avec sursis, sans comprendre que tout cela est ancien, contesté."
François Hollande, candidat PS à la présidentielle
"La justice est passée et elle devait passer pour que ne s'installe pas un sentiment d'impunité"
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"La justice est passée et elle devait passer pour que ne s'installe pas un sentiment d'impunité", a-t-il déclaré à Bondy en marge d'une visite sur le thème de la formation des enseignants. Il a souligné le "retard par rapport aux faits" dans le dossier des emplois fictifs de Paris, ce qui "renvoie à la question du statut pénal du chef de l'Etat". "J'ai une pensée pour l'homme qui connaît en plus des ennuis de santé'", a-t-il ajouté.
Anh Dao Traxel, fille adoptive des Chirac
La décision du tribunal est "trop, trop sévère pour lui", a réagi la fille adoptive de Jacques Chirac, Anh Dao Traxel, à la sortie du tribunal après la lecture du jugement."La justice a tranché, il faut la respecter et c'est malheureusement une grande douleur pour notre famille et pour Jacques Chirac", a-t-elle dit.
Jean-Pierre Raffarin, son ex-Premier ministre
"C'est une triste nouvelle", "ce jugement me paraît être d'une grande sévérité et il est surprenant", dit le sénateur UMP. "Je suis franchement surpris parce qu'il y a quelque chose d'un peu anachronique: on juge aujourd'hui des situations d'une autre époque, entre-temps de nombreuses lois ont changé la donne", a-t-il souligné. "Aujourd'hui mon raisonnement n'est pas juridique mais personnel et c'est de la tristesse au coeur", a-t-il conclu.
Le candidat MoDem à l'Elysée, François Bayrou
"Certes, le jugement intervient bien tard après les faits en raison du statut contestable qui couvre en France le président de la République et aussi de nombreuses manoeuvres de retardement", déclare le ministre de l'Education de Jacques Chirac de 1995 à 1997. "Mais dans un Etat de droit, la justice doit être indépendante et la même pour tous. Saisie de graves manquements, après avoir prononcé d'autres condamnations, elle ne pouvait trancher autrement. La loi est dure mais c'est la loi", conclut-il, reprenant l'adage latin "dura lex, sed lex".
François Fillon, Premier ministre
"Je n'ai pas l'habitude de commenter des décisions de justice, je pense simplement que celle-ci arrive vraiment trop tard, plus de 20 ans après les faits", a dit le Premier ministre français, dans une déclaration à la presse à Sao Paulo en marge d'un discours devant des hommes d'affaires brésiliens."C'est une décision qui à mon sens ne viendra pas altérer la relation personnelle qui existe entre les Français et Jacques Chirac", a-t-il ajouté. "C'est une relation dont chacun a pu constater au cours des dernières années qu'elle était extrêmement forte".
Bernard Delanoë, maire de Paris (communiqué)
La décision de justice vient reconnaître le fondement de la démarche engagée par la Municipalité depuis 2001 pour obtenir la reconnaissance et la réparation des fautes commises contre les intérêts de la collectivité et des Parisiens. La Ville avait accepté en septembre 2010 la réparation du préjudice subi. Elle a en effet obtenu le remboursement intégral du coût de 19 emplois alors que le jugement rendu n'en retient certains que partiellement. Il est d'ailleurs notable que l'association Anticor se soit finalement vue refuser sa demande de constitution de partie civile.
Benoît Hamon, porte-parole du PS (BFMTV)
"C'est une bonne nouvelle pour la démocratie française et la parfaite indépendance de la justice dans un dossier pas simple, très sensible sur le plan politique. Elle confirme donc qu'il y avait bien des emplois fictifs à la Mairie de Paris. Il y a eu un manquement à l'honnêteté dans ce domaine-là. Deux ans avec sursis ce n'est pas rien, c'est une condamnation importante."
Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du Front national (BFMTV)
"M. Chirac s'est fait pincer les doigts dans la porte avec une condamnation très grave, condamnation à la prison quand on voit que le sursis n'a été attribué que pour des raisons d'âge et de sénilité. Or ce n'est pas la seule affaire. La France est malheureusement corrompue dans beaucoup de ces secteurs mais nous avons été présidés par un délinquant pendant 12 ans, et mon adversaire de 2002 est quelqu'un qui aurait dû être condamné à la prison."
André Vallini, président PS du Conseil Général de l'Isère (BFMTV)
"La justice est passée, c'est une bonne nouvelle pour la démocratie. Elle passe très tardivement, c'est le problème du statut pénal du chef de l'état. Je considère que c'est une bonne chose, même si, bien sûr, il n'y a pas de joie particulière à exprimer. Jacques Chirac est aujourd'hui âgé, malade et plus Président de la République."
Benoist Apparu, secrétaire d'Etat chargé du Logement (i-Télé)
"Chacun doit respecter la décision de la justice, je n'ai pas grand-chose à dire. Je ne commente pas le jugement, si c'est sévère ou pas. Il est compliqué de juger les moeurs politiques d'il y a vingt ans avec le regard d'aujourd'hui."
Bernard Debré, député UMP de Paris (BFMTV)
"Les emplois fictifs étaient anormaux et illégaux. A cette époque, c'était monnaie courante, quand on regarde ce qui se passait à l'Elysée. Cela pose le problème de l'immunité présidentielle. Elle doit être pleine et entière pour les actes commis pendant la présidence de la République, pendant qu'on est élu et qu'on exerce un pouvoir. Faut-il pour autant que cette immunité s'étende à des dates antérieures ?"
Les gens continuent à l'aimer, c'est un homme de coeur, un type bien. J'ai honte pour la justice. (Eric Raoult)
Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis (I-télé)
"On a voulu jouer l'acharnement, c'est une volonté d'abattre un homme. Les gens continuent à l'aimer, c'est un homme de coeur, un type bien. J'ai honte pour la justice."
Jean Arthuis, président de l'Alliance centriste (Twitter)
"Une sanction était fatale, elle est symbolique et tardive. Une page se tourne."
Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris (Blog)
"Le réquisitoire est plus lourd que la sanction. Même si elle est une première vis-à-vis d'un ancien président, et que ce dernier est très âgé. S'il n'y a pas eu de mansuétude, c'est que le tribunal ne voulait détacher Jacques Chirac de ses collaborateurs. Ces derniers ont été lourdement condamnés comme Alain Juppé, Robert Pandraud ou encore Michel Roussin. Il y aurait eu là, comme une injustice face à cette impunité. La justice est passée, tournons la page.
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