Le droit de vote des étrangers dans le viseur de Sarkozy
Le Point.fr -
Alors que la Droite populaire diffuse ses premiers tracts, Copé prépare son offensive.
Devant les maires de France, Nicolas Sarkozy a manifesté son opposition au droit de vote des étrangers extra-communautaires pour les élections locales. © Philippe Wojazer / AFP
"Je ne veux pas que les Algériens ou les Marocains fassent la loi dans mon pays !" Les députés UMP de la Droite populaire ont sonné la charge, mercredi, contre la proposition de loi socialiste - examinée au Sénat le 8 décembre - autorisant le droit de vote des étrangers n'appartenant pas à l'UE aux élections locales. Emmenés par Thierry Mariani, ministre des Transports, une poignée de députés ont distribué des tracts en marge du Salon des maires, porte de Versailles à Paris. "En 2014, souhaitez-vous que quatre millions d'étrangers choisissent les 36 000 maires de France ?" interpelle le document de format A4. Le député de Seine-Saint-Denis Éric Raoult explique aux passants : "Nous sommes les costauds de l'UMP ! La carte d'électeur est réservée aux détenteurs de la carte d'identité."
La Droite populaire - qui représente l'aile droite de la majorité - n'en est pas à son premier ballon d'essai. Le 19 octobre, le collectif a déjà lancé un site pétitionnaire contre le droit de vote des étrangers aux élections locales qui a recueilli plus de 25 000 signatures.
Le Sénat, tribune du PS
Mesure phare de tous les programmes du PS depuis 1981, le droit de vote des étrangers aux élections locales figure dans le projet pour 2012 adopté avant la primaire. Mais, en attendant la présidentielle, les socialistes entendent utiliser la tribune du Sénat (où ils sont devenus majoritaires) pour mettre sous les projecteurs certaines propositions, dont celle-ci. Pour l'UMP, c'est l'occasion de démontrer "la dangerosité du programme socialiste".
L'opération de tractage de la Droite populaire sert de hors-d'oeuvre. D'ici au 8 décembre, Thierry Mariani envisage d'autres "opérations coup de poing". Quant au parti majoritaire de Jean-François Copé, il prépare aussi son offensive. "On planche sur des initiatives fortes", explique-t-on à la direction de l'UMP. Le sujet doit notamment être abordé lors de la deuxième convention de synthèse du projet, mardi 29 novembre, à Lyon.
"Il faut cli-ver !"
Autant d'actions de terrain préparées avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy. En recevant les maires à l'Élysée mercredi soir, le chef de l'État en a profité pour justifier sa position : "Une telle proposition me semble hasardeuse (...) parce qu'elle risque de diviser profondément les Français au moment où, plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler." En 2007, c'est aussi pour rassembler sa famille politique que Nicolas Sarkozy avait renoncé à inclure cette réforme dans son programme présidentiel, alors qu'il y était personnellement favorable.
À l'approche de l'élection présidentielle, dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, un refrain est sur toutes les lèvres : "Il faut cli-ver." Un visiteur du soir du chef de l'État explique : "Après le nucléaire et l'accord laborieux conclu entre le PS et les Verts, il faut mettre le paquet contre le droit de vote des étrangers. Pour les électeurs du Front national, ce sujet sert de marqueur entre la gauche et la droite." Et de poursuivre : "Aujourd'hui, on est à 35 % de report de voix frontistes sur l'UMP. Il faudrait atteindre un report de 75 %." Le ton est donné : il faut bichonner l'électorat du Front national.
Par SÉGOLÈNE DE LARQUIER
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