Je ne serai pas le onzième orateur à citer le chef de l’État rappelant : « La burqa n’est pas la bienvenue en France. » Je voudrais, madame la garde des sceaux, citer Abderrahmane, recteur de la mosquée de Clichy-sous-bois : « Tu sais, nous, on veut vous ressembler. Elles, elles nous font ressembler au Moyen Âge. » Cette phrase, je l’ai entendue à plusieurs reprises prononcée par celui qui est le responsable d’une communauté dans une ville difficile.
Cette résolution, nous avons souhaité la porter avec André Gerin. Nous sommes très heureux et très fiers que d’autres que nous aient pu la soutenir. Il n’y a pas de droit d’auteur pour une résolution, et reconnaissons-le, le seul qui pourrait le mériter, c’est le chef de l’État qui, en premier, il y a presque un an, le 22 juin 2009, avait fait cette remarque : « La burqa n’est pas la bienvenue en France. » C’est cette position déterminée et résolue du chef de l’État qui présentait en premier la résolution de la République. Nous avons été un certain nombre à y contribuer, André Gerin, Jean Glavany et d’autres, voilà bientôt un an, en participant à cette mission d’information.
Être résolu, selon le dictionnaire, c'est être ferme dans ses projets, décidé, énergique, obstiné, opiniâtre, tenace, têtu, volontaire. Nous l’avons été, et le président de mon groupe parlementaire nous a montré la voie. Ceux qui critiquaient hier ont fini par comprendre aujourd'hui que le Président de la République avait raison.
Il avait raison car notre pays n'est pas une exception. Monsieur Glavany, il n’y avait pas d’élections régionales en Belgique, et par ailleurs, la burqafait aussi partie du débat des élections législatives aux Pays-Bas, où le président Sarkozy n’est pas candidat.
Plusieurs pays, en Europe et dans le monde, sont inquiets de la montée en puissance du phénomène de ces femmes circulant comme des fantômes dans l'espace public, entièrement voilées, et réfléchissent aujourd'hui à des mesures permettant de l'endiguer
La Belgique a emboîté le pas, malgré une crise gouvernementale, en votant une loi d'interdiction. D'autres pays entament une période de réflexion pour trouver la meilleure solution, l’Italie et l’Espagne en font partie.
Nous sommes aujourd’hui invités à voter une proposition de résolution tendant à mieux expliquer et combattre une pratique qui, rappelons-le, est non pas une prescription religieuse, mais une pratique qui ne respecte pas les valeurs de la République. Au contraire, derrière ce voile intégral se cache une minorité de religieux radicaux qui cherche à provoquer, diviser, stigmatiser notre pays et tester les fondements de notre République. Nous ne pouvons l'accepter !
Reconnaissons-le, nous avons parcouru le chemin de la réflexion et de la compréhension. Combien d'interrogations, de déclarations, de confrontations avant d'arriver sur ce chemin, qui nous mène aujourd'hui sur les routes de la raison !
La raison de ces femmes parfois endoctrinées par ces groupuscules intégristes qui fonctionnent comme des sectes et qu'il est de notre devoir de combattre. Nous devons mieux protéger ces femmes, car elles sont les premières victimes du voile intégral qu'elles portent. Nous devons les libérer. L'oublier, c'est se voiler la face !
La raison du travail parlementaire enfin, qui mérite consensus républicain, car je ne cesserai de le répéter : contre le voile intégral, il faut le Parlement intégralement. Ce consensus républicain, cette concorde républicaine,…, nous l'avons toujours prônée dans le cadre de la mission d'information sur le port du voile intégral avec André Gerin, ce collègue que j'ai appris à connaître et à apprécier, qui est de l'autre rive mais du même camp républicain, et qui m’a rappelé mon grand-père qui était dans le même parti que lui.
Nous avons eu le courage de braver bien des lignes politiques et idéologiques, justement pour mieux les faire bouger. Si nous en sommes arrivés là, c'est parce que, élus de banlieue, nous connaissons l'urgence de l'explication sur ce dossier qui suscite de nombreuses incompréhensions auprès des habitants de nos quartiers.
Sans autosatisfaction, notre mission d'information a bien travaillé, et bien fait avancer l’idée de cette proposition de résolution. Contre le voile, l'idée d'une résolution c'était d'abord cette proposition que nous avons forgée. Le voile, nous n'avons pas voulu le tirer à nous ; nous avons voulu proposer de l'ôter, pour mieux vivre à nos côtés. Car notre seul but, c'est la réaffirmation des valeurs républicaines.
Ces femmes ne sont pas venues d'une autre planète ; ce sont nos voisines, souvent nos concitoyennes. Nous ne voulons pas les abandonner à leur exil intérieur, à leur prison de tissu, pour reprendre l'expression d'Élisabeth Badinter.
Cette proposition de résolution, en réaffirmant les fondements de notre République, libre, égale et fraternelle, porte donc les conditions d'un cadre juridique capable de prohiber efficacement le port du voile intégral dans l'espace public.
Enfin, le sens de l'explication est concrètement d’expliquer avec pédagogie. Cette période de six mois le permettra pour que cette explication soit la priorité de nos quartiers. Madame la ministre, vous devez le savoir : le CFCM c’est bien, c’est important, mais les communautés des cités, c’est beaucoup plus important parce que c’est là que l’on doit comprendre. Bien souvent, je pense qu’une voisine de palier sera plus utile qu’un policier ou un huissier. J’ai personnellement commencé à expliquer dans mon département qui est particulièrement concerné. Je le ferai sur plusieurs médias dès demain et dans plusieurs pays du Golfe dans le mois qui vient.
Après des mois de travail, de discussions, nous montrons aujourd'hui, tous ensemble, que nous avons voulu non pas la posture, mais la droiture. Nous prenons nos responsabilités au-delà des camps ou des clans. Nous avons souhaité donner la main, sans montrer du doigt. Nos valeurs ne sont pas masquées. La République n'est pas camouflée ; elle ne se refuse pas ; elle doit se faire respecter, car la France est et restera toujours la République du vivre ensemble.
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